Est-ce que les couples formés en lignes durent moins longtemps ?

dessin qui représente 2 smartphones appuyés à un sablier en forme de coeur pour symboliser la durée des couples formés sur les app de rencontre

Les applications de rencontre ont progressivement transformé le paysage des relations amoureuses, rivalisant désormais largement avec les traditionnels cercles amical et professionnel comme principal catalyseur de rencontre.

Gina Potarca, chercheuse à l'Université de Genève, s'est penchée sur cette mutation sociétale, pour disséquer les effets de ces applications sur le couple. Et contrairement aux préjugés, encore souvent négatifs à propos des rencontres faites sur ces applications, la chercheuse en vient à la conclusion que les applications offrent une abondance d'opportunités inédites pour la rencontre. Celles-ci forment en particulier des couples plus durables, plus investis et plus engagés que les autres - tout en minimisant l'effort investi dans la rencontre.Regardons cela de plus prêt.

Sommaire

1. Contrairement aux idées reçues, sur les apps, c’est du sérieux

Qui sont les couples qui, s’étant rencontrés sur une application de rencontre - et pour peu qu’ils l’assument en public, n’ont pas été confrontés au dénigrement explicite ou implicite de leur entourage ? Combien d’entre eux, pour s’éviter ce jugement négatif, n’ont pas balbutié quelque mensonge maladroit tel que « on s’est rencontrés à la boulangerie » ou « au café du coin » ?

Les applications de rencontre, surtout les plus connues comme Tinder ou Adopte un mec par exemple, traînent la fâcheuse réputation de ne conduire qu’à des relations sans lendemain, où la question de l’engagement reste plutôt taboue. Certes, il n’y a pas de fumée sans feu. Pour sa part, l’application Tinder se présente elle-même comme la reine des “one night stand”. Comme le montre une étude réalisée par l’observatoire Ifop, les rencontres sans lendemain sont bien banalisées, véritable monnaie courante sur ces applications. Selon une étude récente, plus de 65% des utilisateurs de Tinder sont mariés ou déjà en couple ; ils ne chercheraient pas l’amour mais seulement à flatter leur ego.

Cependant, cela n’empêche pas Gina Potarca de faire le constat paradoxal et intéressant que, sur ces applications, les attentes en matière d’engagement relationnel et de projet au long terme comme le fait de cohabiter ensemble et, surtout, le projet avoir des enfants, sont statistiquement sur-représentés.

2. Du swipe au compromis de vente, il n’y a qu’un date

Ardente défenseuse des applications de rencontre, Gina Portaca remarque qu’ « une grande partie des médias affirment qu'elles ont un impact négatif sur la qualité des relations car elles rendent les gens incapables d'investir dans une relation exclusive ou à long terme. Jusqu'à présent, cependant, rien ne prouve que c'est le cas ».

Selon elle, la première raison pour laquelle les couples formés sur les applications de rencontre sont plus durables, plus solides que les couples formés « dans la vraie vie », tient au faut que les personnes qui se rencontrent sur ces applications ont par définition une volonté affirmée de se mettre en couple, alors que dans la vraie vie, il arrive que l’on rencontre quelqu’un sans avoir spécialement cette intention :

« Ces couples ont des intentions de cohabitation plus fortes que ceux formés dans un contexte non numérique»

D’ailleurs, d’après elle, les femmes montrent un désir de fécondité plus fort sur les applications de rencontre. En effet, celles qui ont un besoin pressant de maternité savent qu’elles ont plus de chances de rencontrer rapidement quelqu’un sur une appli, et de devenir mère. Selon un article de *Sciences et avenir* consacré à cette étude, « les femmes des couples formés par le biais d'applications de rencontres ont ainsi mentionné qu'elles voulaient et prévoyaient d'avoir un enfant dans un avenir proche, plus que dans toutes autres formes de rencontre ».

3. Est-ce si simple que cela ?

Loin des stéréotypes sur les aventures sans lendemain, les applications de rencontre seraient donc à l’initiative de couples plus durables et plus traditionnels.

Cependant, une autre étude, menée pour la Marriage foundation, invite à nuancer un peu le propos. Selon cette étude en effet, les couples formés sur les applications de rencontre, ont un taux de divorce six fois plus élevé durant les trois premières années de relation (effet qui s’estompe après cinq années de relation) que les couples formés hors applications de rencontre, par exemple par le biais d’un réseau amical, professionnel ou familial.

Cette étude propose d’expliquer ce phénomène par le rôle du « capital social », entendre par là, le fait d’avoir un cercle amical, familial ou professionnel en commun. « Les liens sociaux mettent plus de temps à s’établir pour les couples rencontrés en ligne », raison d’une instabilité plus forte durant les premières années de relation.

À l’inverse, avoir une sphère sociale en commun, dès le départ, présente au moins deux avantages. D’abord, ces personnes qui sont proches des deux partenaires à la fois les soutiennent en tant que couple, pas seulement en tant qu’individu. Ensuite, cela réduit le risque de se mettre en couple avec une personne que l’on connait mal. Via l’entourage en effet, il est plus facile d’obtenir des informations fiables sur la personnalité de celle ou celui que l’on fréquente. On voit aussi cette personne évoluer dans un milieu social dès le départ et l’on peut ainsi évaluer si cette personne nous convient, tout simplement.

Conclusion

Après cinq années de relation, les couples formés sur les applications de rencontre ne se révèlent ni plus, ni moins fragiles que les relations formées hors de ces applications.

La leçon à tirer est assez simple : mieux vaut savoir avec qui l’on s’engage dès le départ, plutôt que perdre son temps en s’engageant dans une relation avec une personne que l’on connaît mal. Comme vous le savez sans doute, c’est toute la philosophie d’Unio.

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